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"Lodela"
12 septembre 2010

NEVERS, Hiver 2006


L'arrivée dans ce port (3 Aout 2006) contribuait à nous mettre dans l'ambiance de la navigation, nous n'étions plus seuls, parqués dans le fond d'un chantier avec pour décor les hangars et quelques bateaux qui dorment là à l'année, a peine bercés par le passage des navigants.

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Romaric nous à présenté aux autres résidents et nous fis découvrir le confort du port : des douches chaudes, des machines à laver le linge et une vaste capitainerie avec une bibliothèque toujours prête à nous accueillir.

Pratique quand le confort à bord n'est pas encore opérationnel.


Un homme sur un bateau est forcement un bricoleur et c'est avec Jean Pierre que MI partageait les bouts de fil électrique, les rondelles, les caoutchoucs et tous les engins permettant les réparations système D.

Et en parlant de réparation, nous avions un treuil qui nous avait lâché, heureusement au moment ou la voiture se reposait dans son parking, à l'avant du « bato ». la dépense d'un palan était indispensable pour ressortir le véhicule de son « garage ».

Qui, déjà, m'avait dit : « un « bato », çà coûte très cher, il y a toujours quelque chose à acheter?! »

Cà commence !


Il ne font pas la « carte de fidélité » dans ce magasin de bricolage ou nous aurons, le « bato » terminé, laissé une petite fortune.

Je crois que nous y sommes allés tous les jours, j'attendais souvent Mi sur le parking pour ne pas laisser nos chiennes seules dans la voiture pendant des heures. Je finissais par emporter mes mots croisés. Je voyais mon MI revenir le caddy plein d'un tas de matériel qui annonçait la couleur du travail des lendemains  et la fatidique question: « je n'ai pas été trop long ? »

Quand un bricoleur rentre dans un magasin de bricolage...Mais c'était pour la « bonne cause »!

Je ne restais pas toujours dehors car je bricole aussi, j'aime à dire, « comme un mec » et en face d'un macho, « mieux qu'un mec! ». Il n'y avait pas de garçon à la maison et j'étais la fierté de mon père qui m'a appris tout ce dont on peut avoir besoin dans une maison, même poser des tuiles. Pendant que mes copines papotaient sur la plage, je coulais une dalle de ciment, j'apprenais à poser un carrelage, du parquet et découvrais toutes les astuces souvent gardés secret par les « pros ».


Une petite anecdote: j'avais démonté le moteur de mon « solex. » et il me restait une rondelle dans les mains une fois le moteur remonté.

« C'est quoi cette rondelle? » demanda mon père.

« Boofff, elle devait être en trop, je ne lui ai pas trouvé de place ! »

Gros rire de mon père, j'avais 16 ans,  j'appris ce jour là qu'en mécanique, chaque pièce a sa place et joue un rôle bien précis.


Plus le caddy se remplissait, plus la carte bancaire se vidait.

La voiture avait parfois du mal à rapporter les achats trop lourds ou encombrants, nous avions la petite remorque dont les roues agonisaient sous les charges, pour les stères de bois et de parquet, nous prenions le camion de location. Nous allions rentrer dans le mois de septembre, à Nevers, il fallait installer le chauffage en priorité pour l'hiver !


Pendant que MI continuait ses allées et venues chez B... Je décidai de commencer la peinture extérieure du « bato ». Il avait toujours sa couleur » bleu pisseux » du début avec toutes les blessures des travaux, les soudures ressemblant à des cicatrices, les rajouts ressemblants à des pansements, je le disais en convalescence et je voulais le voir guéri, propre et beau.


Les couleurs choisies vont poser polémiques !

Je voulais un « bato pétard », un freycinet plaisance ! Monsieur pas trop d'accord...

Mais « ce que femme veut, Dieu le veut ! »

Et puis je lui promis que si vraiment cela ne lui plaisait pas, je le repeindrais, après tout, ce n'était que de la peinture !

J'ai commencé par le vert prairie, j'ai barbouillé avec ce vert, la marquise, les hublots, les denebords et toute la terrasse et plus j'étalais cette couleur, plus c'était...VERT !

Cet éclat vert jurait avec le côté vieille ruine de cette coque aux allures rapiécées .

Mi allait, venait, entre son atelier, l'ancien logement du mousse transformé en atelier de bricoleur,

il jetait des coups d'oeil inquiets sur ce début de résultat.

Et vous n'aurez pas la chance d'entendre l'éclat de rire moqueur de Karen, notre voisine anglaise devenue une amie, dans une exclamation au petit accent d'outre manche:

_ »Fanou, ce vert, il est très clair ! »

_ »Oui Karen, et ta pensée aussi ! »

Tout le port s'est déplacé pour « admirer » l'oeuvre, je n'aurais pas fait autant d'audience si j'étais montée sur scène dans n'importe quel rôle.

Après avoir ressemblé à un extra terrestre pendant une semaine en mettant autant de vert sur mes vêtements que sur le « bato », j'ai joué les schtroumffs . Contrairement au vert, un bleu profond, un bleu nuit, le bleu qu'il faut pour y coller des étoiles puisque tel était la destination de la boite de peinture jaune encore rangée dans l'atelier.

Pour peindre la coque, je choisis de  m' accrocher à l'echelle de bordaille de la main gauche , badigeonner la surface de la coque de la  longueur de mon bras droit, puis remonter sur le plat bord, déplacer l'échelle,décaler les pots de peinture avec leurs chiffons, la bouteille de white en cas de coulure, redescendre, recommencer tous les 50/60cm sur 38m, côté babord, côté tribord...juste un échauffement !

Puisqu'il y a eu une deuxième couche !

Pendant ce temps Mi continuait ses allées et venues, je le voyais passer avec des tuyaux, des vis des boulons. Il râlait contre un tuyaux trop étroit ou le matériel inadapté qui le freinait dans son travail.

Heum, encore des dépenses dans l'air !

Puis le bleu terminé, soulignant le vert, habillait « lodela » d'une robe digne d'une montée d'escalier à Cannes. Le rire de Karen se transforma  en « Oh » admiratifs. « Ils » étaient tous là à nouveau, hochant la tête dans un mouvement collectif d'appréciation.

Fierté !


Nous étions réglé comme des horloges, la construction de « lodela » n'en était pas encore à sa dernière ligne droite et l'automne avançait à grand pas.

Le matin 7h promenade des toutounes, petit dej, et nous nous attelions au travail du jour, défini la veille.

Nous avions quitté le chantier avec un intérieur « tout en papier de chocolat », aucune cloison n'était posée, nous avons fait l'achat du bois,empilé dans le camion de location, retour au port, débarqué,  monté sur le pont puis rentré et entassé dans un coin du « bato »

Même chose pour les carrelages et les faïences.

Cà vaut bien une heure de « remise en forme » chez « M » !

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Nous avons entrepris la construction d'une douche hélicoïdale toute en parpaings de verre de couleur. 1m de diamètre pour le cercle de départ, tournant sur 50cm. 22Parpaings à la base, fer à béton verticaux et horizontaux attachés entre eux, sur 12 carreaux dans la hauteur. Nous ne montions le deuxième rang que lorsque celui de dessous était sec, pour la solidité de l'édifice.

244 pierres formant une tour de verre jaune d'or et ...vert où filtre le soleil.

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Pendant que Mi  installa toute l'électricité en 24/220/380 volt,  ou il passait parfois des heures à faire des  trous dans une tôle du « bato » pour y faire passer un fil du logement du marinier sur le logement principal.

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Je quittai mes pinceaux pour la pose des

carrelages dans la douche et les salles d'eau.

 

Le tableau de bord avait été avancé de 5m, il a fallu refaire tous les branchements.


« Lodela » n'avait pas encore sa devise, Sur l'avant trônait toujours son ancien nom. Incrusté dans le métal, comme cela se faisait au début de la construction des freycinet, il fallait trouver une heureuse solution sans abîmer le « bato » et conserver sa « pinpante allure »

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Si nous avions déménagé tous nos meubles, l'électro ménager était resté sur place ,nous vivions depuis un an avec un gaz deux feux et pas de frigo dans une cuisine désorganisée...


C'était une année ou nous allions encore partager l'espace à vivre avec poussière de ciment, de plâtre, de bois et odeurs en tous genres.....

Pour résumer, il restait tout à faire !

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Et c'est devant l'ampleur de ce travail que je décidai de casser la tirelire pour soulager Mi en embauchant un menuisier pour notre descente d'escalier « princiere » et les deux puits de lumière de 2m/1m qui inonde l'habitation de lumière et de soleil.


Ce rythme de « dingue » va durer deux années complètes, en dehors de nos mois de navigation, se lever le matin sans même savoir quel était le jour de la semaine, manger quand le travail en cours était terminé ou carrément sauté le repas, terminer le soir à la lumière pour ne pas interrompre au milieu d'un travail commencé ou se lever au aurore, l'été, pour profiter de la fraicheur avant une trop grosse chaleur...

Tellement déboussolés et dans notre « trip » que je me suis pointée un dimanche au super marché pour faire mes courses !


Une pause s'averrait nécessaire, l'hiver était derrière la porte, il faisait déjà froid le matin dans le « bato », le chauffage central n'était pas entièrement monté et le petit poêle à bois ne chauffait pas suffisamment ces grands espaces !

Nous étions à la veille de Noêl, Mi me réexpédia à l'ile de la Réunion !

Je pris l'avions la semaine suivante en laissant Mi sur « lodela »

Karen sur son bateau, seule également puisque Paul était parti pour trois mois en Angleterre !

Heum, peut être pas très prudent tout çà....!

Je ne vais pas vous refaire la vie idyllique de l'île, son soleil, ses plages, sa mer bleue,ses couleurs, ses parfums, ma moto, mes pots.....


Je suis rentrée bronzée, détendue, reposée....Prête à remettre les mains dans « la colle ».

En l'absence du « tourbillon », Mi avait continué le bricolage à son rythme quand il arrivait à sortir des couettes le matin, il a fait 2degré dans le « bato » les  nuits où il faisait -20 dehors ! Cette année là, nous avons eu, pardon, je rectifie, VOUS avez eu un hiver très rude !


Ce retour comme le précedent fut un enchantements, le printemps vit sortir les tables de jardin, les parasols, les vélos, les promeneurs du dimanche et les barbecues. Karen commençait à peine à se faire comprendre en français, Paul ne parlait que l'anglais, Mi que le français et l'espagnol et avec mes souvenirs scolaires dans la langue de Shakespeare la soirée fut mémorable de rires et de gags.


Karen adorait cuisiner et alors que nous avions repris le marteau, les tournevis, les pinceaux...Elle sonnait la cloche et venait nous offrir sa dernière création culinaire encore fumante ou le dernier pot de confiture encore tout chaud. Karen, tu es un amour, on t'aime !


Le treuil était réparé, toute la machinerie fonctionnait, il nous restait les ancres à vérifier, deux à l'avant, une à l'arrière, une voiture que nous n'avions encore jamais monté sur le « bato », la moto de Mi, Ma moto, nos 3vélos pour deux, une petite remorque...Qui a dit que le bateau était grand ?


Le nouveau départ était pour fin juillet, un vrai grand départ ou nous devions descendre dans le midi. Nous visions Avignon.  Déjà à cette époque, l'entourage nous traitait de « fous » : des débutants sur le Rhône ! Une région ou on ne peut pas stationner !ou on se fait jeter !...

Si vous le permettez, nous irons nous rendre compte par nous même.


(à suivre)



 

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Commentaires
"Lodela"
  • Projet de navigation rivière à travers l'Europe à bord d'une péniche transformée en espace vie et pilotée par deux jeunes retraités actifs, Partage amical, technique, coup de coeur, coup de gueule de cette grande aventure humaine au delà des frontières .
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