Si l'on considère que le début de
l'aventure commence depuis la création du projet,
l'histoire est en
cours depuis l'année 2004.
Nous vivons à l'ile de la Réunion
depuis presque 10 ans et c'est notre 2ème séjours, la retraite de
mon mari arrive à grands pas, qu'allons nous faire de cette retraite
? Rentrer en France alors que nous vivons sous un climat que tout le
monde nous envie, dans un style de vie tropicale dont tout le monde
rêve ? Nous avons toujours eu une vie plus qu'active: sports,
musique, »faits mains » peinture,moto...Alors, rentrer,
oui, peut être, mais réaliser un nouveau projet !
Ce ne sont pas les idées qui manquent,
il faut plutôt réfléchir ensemble et décider ensemble !
Une quinzaine d'années plus tôt, nous
avions du abandonner un projet pour une nouvelle mutation, nous
décidons donc de le remettre au goût du jour et de tenter
l'aventure.
Et voici « notre aventure
Péniche »
5 février, la date d'anniversaire de
Michel (que je nommerai souvent "Mi")
5 février,nous devenons libre comme
l'air dans un nouveau statut appelé « retraite »!
Tout va très vite, nous mettons notre
maison en vente, le déménagement est emballé dans un contener;" Mi"
prend l'avion pour visiter un maximum de « bato », faire
le tri de ce qui va être susceptible de nous plaire et me laisse
avec nos trois chiens dans une maison casi vide jusqu'à la signature
de la vente.
Juin 2005, je débarque avec
« Vanille » et « Noisette », notre berger
allemand et notre « royal bourbon », un nom bien pompeux
qui désigne le chien« batard » de l'ile, notre 3ème
chienne, trop vieille et trop malade a fait un autre « voyage »
Mi vient me chercher à l'aéroport de
Marseille, il avait récupéré notre toyota dès son arrivée, nous
voici donc avec nos deux chiens et notre véhicule, hébergé chez
notre fille Laure à Montpellier, elle même en vacances, pour une
quinzaine.
Nous retournons visiter les bateaux qui
avaient obtenus un axécit de Michel mais ils ne me plaisaient pas
vraiment: trop compartimenté, trop petits, salle d'eau trop
exigue,..Après une semaine de visite non concluante et les calculs
financiers qui vont avec, nous changeons notre fusil d'épaule. Si
nous devons tout démonter dans un « bato » pour qu'il
nous plaise, pourquoi ne pas en chercher un à aménager, une
carcasse à rénover ?
Tout était à refaire !
Nous récupérons une vieille caravane
des années 80, un crochet de remorque et « roule ma poule »,
nous traquons tous les chantiers et les annonces de vente de vieux
freycinet . Cette recherche nous amène dans ce joli camping fort
sympathique de St Mammé ou nous resterons les deux mois d'été,
rassasiés de visites, mesurant l'immensité de l'entreprise,
dessinant déjà des plans, l'effervescence était à son
comble....nous lui cherchions déjà un nom !
Dans nos nouvelles recherches, nous
avons rencontré Pierre, Paul, Jacques....Puis un jour," Walter !"
Il connaissait un « bato
« ressemblant a celui que je lui décrivais pendant que
nous sirotions un apéritif sur son « bato ». Le vendeur
a déjà été échaudé par deux ventes qui ne se sont pas faites,
fautes de crédits, il n'y croit plus et pourtant il est malade et
doit arrêter le métier, il n'est paraît il, pas à « prendre
avec des pincettes » ces temps ci et pour visiter son « bato »,
Walter nous propose de faire l'intermédiaire pour un rendez vous.
Pour nous présenter à ce monsieur,
nous lui donnons l'élément percutant: nous payons « cash »
et tout de suite !
Nous n'avons rien d'un « nabab »
mais nous venons de vendre notre maison que nous réinvestissons
entièrement dans ce « bato »!
Walter revient, la visite, c'est tout
de suite si nous le voulons ! Ne laissons pas trainer les
« affaires », 10mn plus tard, nous visitions « le
croiser » amarré à St Mammé : C'est Mi qui avait la plus
grosse responsabilité dans ce choix, dans ce « bato » de
commerce que nous allions transformer en « bato »
logement il fallait avant tout que les organes de notre « monstre »
soient sains et pas trop vétustes : moteur, groupe electrogène,
appareillages...
Nous avons été un peu déçu de la
transformation moderne et non à notre goût du logement du marinier
après toutes ces visites effectuées ou nous avions souvent admirer
des logements gardés intact, en bois précieux, depuis la
construction des « bato ».
Nous demandons une nuit de réflexion !
Rien qu'une nuit pour échanger nos impressions.
Ce n'est pas rien tout de même, même
si l'investissement semble raisonnable au premier abord, ce n'est que
le début de longues années de travail et de dépenses. Nous étions
à la porte de notre projet, il ne fallait pas se louper ! Tous les
conseils et toutes les recommandations des amis resurgirent, ils nous
avaient mis en garde contre « ceci « et Attention à
« celà »!
Cette nuit là a été à la fois très
longue et trop courte, mais le lendemain, midi, nous étions chez
« Patrick » et nous foulions de nos pieds nus, le sol de
ce qui allait devenir "NOTRE BATO !!!"
"le Croiser" St Mammés
Alors, décidé à vendre ? Oui !
Alors décidé à acheter ! Coup de fil
à la banque pour débloquer la somme, rendez vous le lendemain à
l'agence, affaire conclue le lendemain chez l'assureur du « bato »,
les papiers officiels sont passés d'une main à l'autre et en un
quart d'heure nous voici propriétaire de ce monstre de 38m70 de long
sur 5m de large, sans autre cérémonie, comme si nous avions acheté
un vélo, un vélo sans roue et qui flotte !
Et sur l'air de « c'est la fête
au village », ce soir là c'était la fête au camping !
« Poum » le bouchon de la
bouteille de champagne! nous qui cherchons toutes les occasions pour
faire péter le bouchon, celle ci était de taille et je crois qu'il
nous a fallu plusieurs coupes pour réaliser que le « rêve »
venait de commencer.
Nous venons de rentrer dans le monde de
l'eau et à ce stade, nous n'en pensions que du bien. Walter nous
recommendera son « marin » préféré, « Dédé
l'amiral », pour accompagner « le Croiser » devenu,
lors de son achat « Parenthèses », jusqu'au chantier ou
il va être transformé, Marseilles les Aubigny, un grand chantier
réputé dans un petit patelin du Cher.
Le voyage, ah le voyage!
"Mi" accompagne Dédé sur NOTRE
« bato », nous sommes en Août 2005, une chaleur
insupportable dans la journée, Sur le pont, marquise baissée, les
hommes s'abritent du soleil avec un vieux parasol troué, la classe!
Et moi me direz vous? Et bien il y
avait une voiture, une caravane et deux chiens en convoyage, Je pris
le volant pour suivre en itinéraire routier: Je repérais sur la
carte tous les endroits ou je pouvais voir passer le « bato »
mais je voulais suivre trop près du canal,je me suis retrouvée
coincée dans les champs,
Je me souviens d'un chemin qui longeait des
propriétés, je me disais que si quelqu'un sortait et venait en sens
inverse, il y allait avoir du sport, mais ma bonne étoile
m'accompagnait, je suis arrivée dans un champ de blé, j'ai repéré
le sol le plus solide et ai effectué un demi tour en cercle à la
« gaston lagaffe », les roues de la caravane ont laissé
une ornière mais je me suis retrouvée en sens inverse sur ce chemin
étroit en priant une deuxième fois pour que tout le monde reste
chez soi.
Chaque fois que je voyais passer le
« bato », c'était un émerveillement, des photos, des
coucous...je repérais le prochain endroit et en route. toujours
arrivée bien avant leur passage, je dépliais le relax, profitant de
la nature, du beau temps, des espaces aménagés. Chouette souvenir!
Paris/Nevers en « bato »,
çà ne se fait pas en un jour : à 5km/h sur le canal,
réglementation oblige, il y eu les arrêts du soir avec le casse
croute bien mérité.
"Mi" dormait avec « le marin »
sur le « bato », un commandant ne quitte jamais son
navire et moi je dormais dans la caravane avec mes toutounes.
La plus part du temps arrêtés dans la
verte, les gros troncs d'arbres pour amarrage, je dépliais la table
de camping et c'est sous les platanes centenaires ou les marronniers
que les verres trinquaient et les mandibules se mettaient en oeuvre.
Après cette grosse chaleur, la
fraicheur du soir venait apaiser les corps fatigués et c'est presque
sans s'en apercevoir que l'on sombrait dans le sommeil.
Le lendemain matin, pas de clairon mais
un marin est sur le pont au aurore pour vérifier les organes vitaux
de son « bato » et faire chauffer le moteur. Un p'tit
café, pris sur le plat bord, et en avant, il y a du chemin à
parcourir.
Un autre très bon souvenir,
aujourd'hui chargé d'émotion, puisque Dédé a fait son dernier
voyage quelques mois après nous avoir amener à destination, il
avait cette peau brulée des marins qui vivent au grand air, ces
rides creusées par ses soucis, silencieux et secret, d'une
gentillesse et d'une serviabilité peu commune, « Le Marin »
fait partie de notre histoire !
Une histoire pleine d'autres gens
formidables.
Nous étions attendu à Marseilles les
Aubigny, des commandes avaient déjà été faites par téléphone
pour le lestage du « bato », pour ne pas perdre de temps,
car nous étions en Aout et la période des vacances n'est pas
l'idéale pour les livraisons.
Et nous allons faire la connaissance de
Ray, le maître des lieux.
Qui ne connait pas Ray, au moins de nom
? 80% des freycinet ont du, un jour ou l'autre, passer dans son
chantier. D'ailleurs, il nous a été conseillé tout de suite. Le
chantier est réputé pour faire du bon travail avec de bons ouvriers
et un patron qui mène son monde à la baguette.
Le résultat est là !
« Parenthèses », puisque
telle était sa nouvelle devise, a tout d'abord été mise « à
couple », en deuxième position, dans l'attente de recevoir les
premiers soins.
!vu l'ampleur de ces premiers soins, Il
fut ramené le long du quai et un « désossement »
complet commença: Il fallait tout sortir, vider cette coque de
l'inutile pour de la plaisance, découper le « trop long »,
le « trop large », se débarrasser de certaines machines,
en transformer d'autres ….Et ce nettoyage par le vide dura
plusieurs semaines.
Nous allons installer la caravane sur
le terrain du deuxième chantier, utilisé occasionnellement et plus
calme, plus propre, plus herbeux en nous disant qu'après quelques
mois de travail, nous repartirions à l'automne ou du moins avant
l'hiver dans notre « bato »!
Au début, un peu comme dans les
histoires, tout beau, tout nouveau, l'enthousiasme aidant, les matins
sont gais même dans l'étroitesse de la caravane avec les deux
chiennes, l'aventure commence et chaque matin nous apportions nos
réflexions de la veille, nos plans, nos désirs de transformation...
80 tonnes de lest en bordure de trottoir
cuve 8000L eau
Pose de paroi métallique
Nous brulions de mettre la main à la
pâte mais il fallait avant tout que le travail de chaudonnerie soit
terminé avant que nous puissions commencer l'isolation du « bato »,
puis un début d'aménagement pour pouvoir y vivre.
La coque à nu, la première
construction à effectuer a été ce que j'appelle « la
terrasse » qui est aussi le pont du « bato ».
Chapeau ! Quel boulot et quel boulot
bien fait! soudure et arrondi de la terrasse impeccables, un travail
de longue haleine effectué par l'employé arabe du chantier, un
soudeur hors paire qui connait son métier.
Nous revenions à la caravane chaque
soir, satisfait de notre journée, Mi ressortait toujours plus noir
de la cale moteur, plus graisseux, plus puant...une bonne douche, une
bonne bière bien méritée, une bonne table et la construction de
notre projet reprenait son cours.
Les semaines, les mois passaient et
tout n'allait pas aussi vite que prévu. Nous étions en quelque
sorte le travail de longue haleine du chantier et il lui arrivait de
faire passer des urgences devant nous. Le travail cessait, le
« bato » avait l'air abandonné, relégué au troisième
rang, à couple de ceux qui l'étaient réellement. Nous avons du
parfois nous fâcher pour qu'on ne nous oublie pas vraiment mais il y
avait aussi le matériel commandé qui se faisait attendre...
Voici l'hiver et une coque de « bato »
même bien avancée qui ne peut servir de toit, une coque de « bato »
qui avec le gel devient dangeureuse, le chantier est décrété « en
chômage »par le patron, les ouvriers étrangers partent en
vacances chez eux, chacun regagne ses pénates et nous...nos 4m2 de
caravanne.
Il
n'y a pas toujours besoin de chauffage pour se réchauffer!
Le
déménagement parti quelques mois avant de la Réunion, venait
d'arriver à Marseille, Marseilles dans les Bouches du Rhône,bien
sur,et nous n'avions pas moins de 60m3 à caser quelques part, en
attendant de pouvoir les entrer dans le « bato ».
Ray
nous offre un de ses hangars vide. Le seul « hic » est
que ces hangars n'ont pas de plancher et que je me voyais mal
entasser des meubles en bois précieux, des instruments de musique,
et tous nos « trésors » à même ce sol humide et
bancal.
Un
peu d'huile de coude et nous avons construit ce plancher pour y
mettre nos affaires en deux après midi, le lendemain le camion de
déménagement était là et les cartons s'engouffraient dans le
hangar!
On
avait presque oublié qu'on avait autant de choses!
Les
exercices « d'échauffement » n'en sont pas resté là,
une partie de tout ce matériel était destiné aux enfants.
Musculation tous les après midi: tri et reclassement de tout ce
bazar!
Une
quinzaine plus tard, le camion de location plein, nous sommes partis
à 17h de Marseilles les Aubigny, arrivée à Clermont Ferrand 22h,
« largage » des premiers meubles chez la fille, un verre
d'eau, « largage de la suite » chez mon fils, petite
collation, minuit, on reprend la route direction ORANGE.
Arrivée
à Orange vers 8h du mat, avec les pauses autoroute, petit déj dans
un bar avec croissants bien chauds réconfortants après cette longue
nuit de route.
Nous
avions décidé de profiter du camion pour remonter un autre
déménagement, celui que nous avions laissé en France avant notre
départ outre mer. Il était aujourd'hui stocké dans le garage de
notre maison, louée, et nous voulions en débarrasser le locataire.
Notre
idée: récupérer toute nos affaires éparpillées un peu chez tout
le monde et après avoir donné, jeté, brûlé...tout ce qui ne nous
intéressait plus, rentrer le reste dans notre « bato ».
Idée
tout à fait légitime qui ne demandait finalement que du travail!
Le
travail c'est la santé,et dans la famille, on la cultive!
Heureusement,
car il fallait remonter, les heures étaient de l'argent, après 4h
de « porter, hisser, tirer,soulever... » Je repris le
volant direction Nevers.
Le
soir à 17h, nous nous sommes fait aider pour continuer à entasser
ces 25m3 dans le hangar et à 19h, le contrat était rempli et le
camion au dépôt.
Et
quand je pense qu'il y en a qui s'ennuie à la retraite !!!
C'est
peut être ce qui allait se passer dans les semaines qui allaient
venir. Plus ou moins enfermés dans cette caravane, notre seule
demeure, sans activités de prévue, les travaux du « bato »
en stand by...
LE
BREAK
Si
Michel est un homme qui peut s'occuper toute une journée devant un
ordinateur ou un travail de précision, moi, il me fallait de
l'espace! Même si un livre captivant ou des mots croisés étaient
capables de « m'immobiliser » quelques heures, je
regardais les 4m2 de la caravane avec une certaine angoisse, les
balades des toutounes suffiraient elles à gérer cette vie étriquée
et à ne pas faire exploser nos deux caractères bien trempés ?
Quand
on a l'habitude de vivre avec quelqu'un, surtout depuis de nombreuses
années, on se devine ! Et je voyais bien que la même crainte
préoccupait Mi !
Nous
avions quitté la Réunion précipitamment, juste le temps de signer
le contrat d'achat de l'appartement. Nous avions entassé dans cet
appart ce que nous ne voulions pas ramener, un peu à la « va
vite », pensant que nous rangerions tout çà à notre
prochaine venue.
La
Réunion, nous n'avions pas trop eu le temps d'y penser ces derniers
mois, à fond dans notre nouvelle aventure, c'était peu être une
occasion . Nous en discutons ensemble et plutôt que de se gêner, de
se supporter dans ces mauvaises conditions quotidiennes, nous
décidons que je retournerai à la Réunion ranger et décorer
l'appartement.
En
dehors du fait qu'il y a « séparation » et pas des
moindres puisque l'île se trouve dans l'hémisphère sud à 13000kms
de la France, En dehors du fait que Mi est frileux et que moi j'aime
le froid et que les rôles sont donc mal distribués, j'étais super
contente de retrouver mes copines, mes pots, le soleil, la plage, la
moto, les marchés forains, les senteurs, les couleurs....
C'est
en rentrant dans l'appart que je réalisai à quel point il était
sale, les murs blancs étaient plus près du gris , nous avions
racheté cet appart à des amis, qui eux mêmes l'avaient acheté
juste pour une transition de mutation. Le lieu nous avait plu, il
était disponible au moment ou nous avions l'intention d'acheter, et
l'affaire s'est faite devant un bon repas, sur la terrasse, un jour
ou nous étions venu les voir. La couleur des murs à ce moment là
nous avait un peu échappé, les amis nous laissaient la cuisine, une
partie du bureau et tout ce qu'ils ne voulaient pas remporter, un
appart déjà à moitié meublé!
C'est
donc par ces murs que mon travail commença: De la peinture et tous
les outils qui vont avec, petite visite dans ces magasins pour
lesquels je ne ferai pas de pub mais dans lesquels on trouve tout ce
qu'il faut.
Debout
le matin à 5h ou 6h, sous ces latitudes, on se lève avec le soleil,
j'organise ma journée. Vêtue de vieux caleçons qui me servent de
shorts et de débardeur, la tenue traditionnelle de l'île, je
commence par les plafonds, je choisis des couleurs pastelles, crème,
vert et orange pour les murs et harmonise toute la déco dans ces
mêmes couleurs.
Mais
nous sommes l'année de l'épidémie du chikoungounia, cette épidémie
s'est abattue sur l'île comme une tempête, il y eu vite des décés;
Suite à ces décés, des consignes de sécurités à respecter, des
spots télé, des prospectus, des conférences...
Mi
me téléphonait tous les jours et la famille s'inquiétait.
Je
rebouchai mes pots de peinture et me lançai dans la confection de
moustiquaires, moustiquaires partout, se protéger était vital.
Sous
les tropiques, la nuit tombe entre 17h et 18h suivant la saison et
les moustiques sont très actifs à la tombée de la nuit, les
magasins étaient dévalisés de tous les produits anti moustiques,
les prix de ces articles quand on réussissait à en trouver devenait
inabordables, les mauvaises nouvelles chaque jour aux infos
n'incitaient pas à franchir le seuil de la porte.
Pourtant,
je me suis efforcé de vivre le plus normalement possible, je
téléphonais à mes amis régulièrement comme ils me téléphonaient
car j'étais seule et cette maladie paralysait les gens, ils ne
pouvaient plus bouger, même pas se lever pour aller aux toilettes.
Et
puis comme dans toute épidémie, il y eut le déclin de la maladie
et le retour à une vie normale . Quand on me demandait : »tu
as été malade ? » je répondais : « non,le
moustique m'a piqué et il est mort ! » histoire de
détendre l'atmosphère!
La
peinture repris ses droits,puis les ciseaux, la machine à coudre,
pour les rideaux,les coussins,puis le « fait main » pour
les tableaux, la déco, puis je suis allée chiner, marchander,
troquer et deux mois après le résultat était f a b u l e u x !
Je
photographiai mon « oeuvre » sous toutes les coutures, il
fallait que Mi constate le changement dans cet appart !
Et
c'est en flanant dans une librairie que l'étincelle à eut lieu:
Nous avions baptisé le « bato » aussi vite que nous
avions acheté l'appart , juste parce que nous ne voulions pas garder
le nom qu'il portait mais « Parenthèses » ne me plaisait
pas vraiment et depuis le début, je cherchais la nouvelle « devise »
qui allait nous plaire vraiment, et là, en me baladant, une image
attire mon attention, intitulée « l'eau de là » et cela
a fait « tilt » tout de suite.
Je
téléphone à Mi le soir et lui propose :
«
LODELA «
Un
style sms qui marque l'époque et une interprétation libre du
lecteur !
Je
n'avais pas encore repris l'avion mais j'étais déjà dans « mon
« bato » », je dis aurevoir aux amis, aux pots,au
soleil, à la plage...A bientôt, mon « bato » m'attend !
L'HIVER
A MARSEILLES LES AUBIGNY
Des
retrouvailles, c'est toujours sympa et puis on a des tas de choses à
se raconter après ces mois de séparation, on en oublie les 4m2 de
caravane.
Mars,
ce ne sont pas encore les grosses chaleurs mais quelques rayons de
soleil les après midi, un espoir du « plus chaud « le
lendemain et une approche du printemps qui s'annonce.
L'hiver
à Marseilles les aubigny, Mi l'avait passé avec nos toutounes, il
en avait pris soin pendant cet hiver glacial, je suis sure que tout
le monde était dans le lit le soir pour se tenir chaud mais je ne
veux rien savoir puisque je n'étais pas là.
Je
savais par les courriers et les photos que m'envoyait Mi que le
chantier avait repris les travaux, doucement, quand il ne faisait pas
trop froid: le matin il partait dans la neige depuis le chantier
appelé « l'équerre » jusqu'à l'autre chantier, 1km
plus loin, c'était en même temps la promenade du matin pour les
chiennes.
Dans
l'attente de mon retour, il avait entrepris tout seul comme un
« grand » l'isolation ,et avait terminé la chambre
Il
m'avait laissé le soin de faire les plans de notre future
intérieur, » la femme, c'est la maison, l'homme c'est la
voiture ! » même si cet adage paraît un peu macho, avouons
qu'il n'est pas totalement faux, même si madame demande l'avis de
son mari et si monsieur lui laisse choisir la voiture, ensuite la
distribution des rôles restent souvent « femme/maison »
et « homme/voiture ».
En
tenant compte de la taille de Mi qui mesurait 1,80m et qui ne voulait
pas passer son temps la tête baissée ou plié en deux dans le
« bato », j'ai créé un grand « loft »,
seules séparations : la chambre et les sanitaires.
Et
de cet espace rendu plus immense par le fait qu'il ne soit pas
aménagé, ce petit carré de chambre me paru si petit que je
réalisai l'ampleur du travail à venir.
Alors
les matins suivant nous étions deux à quitter la caravane et à se
rendre au chantier pour « envelopper » les parois de
« lodela » de laine de roche, de laine de verre et de ce
revêtement brillant que j'appelle « le chocolat »: laine
de roche plaquée contre la coque, maintenue par des tasseaux, 4cm
d'air, l'épaisseur des tasseaux, une couche de se revêtement
brillant, un autre tasseau de 4cm et le revêtement déco qui sera du
bois, des lames de parquets.
Laine
de roche 10cm + 4cm d'air +1cm revêtement brillant + 4cm d'air +
épaisseur du bois déco =
22cm
d'isolation parfaite, nous avons une différence de 10à 15 degrés
par rapport à l'extérieur. Nous avons vécu dans le midi sous des
chaleurs torrides accrochés en plein soleil au quai de Roquemaure
pour ceux qui connaissent et avec 45 degrés dehors, 30 degrés à
l'intérieur, en ouvrant toutes les ouvertures pour que l'air
circule. Encore très chaud, certes, mais supportable surtout pour
des gens qui reviennent des tropiques.
Nous
avons vécu aussi un hiver sans chauffage à Nevers, port sous la
glace, -20 degrés dehors, avec un tout petit chauffage d'appoint qui
ne tournait pas la nuit pour des raisons de sécurité, il n'a pas
gelé dans le « bato ».
Bien
souvent, sur les sites réservés à la navigation, les futurs marins
qui achètent des bateaux posent la question de l'isolation, je pense
que les méthodes qui ont fait leur preuve restent les meilleurs, des
professionnels nous avaient conseillés cette méthode en nous
mettant en garde contre toutes les nouvelles trouvailles, encore mal
connues, nous ne regrettons pas notre choix, merci à eux!
Chaque
soir nous rentrions plein de poussière de la tête aux pieds,
pendant l'installation des laines,surtout les plafonds, nous étions
couvert de ces petits morceaux qui se glissent dans vos vêtements,
vos cheveux, qui vous dévorent la peau dans des « gratouilles »
insupportables.
Pas
besoin d'une histoire pour s'endormir...la chaleur de la douche et le
parfum des draps nous emportaient aux pays des songes.
L'hiver
avance, avance et le printemps montre le bout de son nez.
Le
travail avance, avance et comme une fleur, » lodela « est
tapissé de son vêtement brillant pour fêter le printemps.
À
suivre...